Chère lectrice, cher lecteur,

Je voudrais vous souhaiter de joyeuses fêtes, avant toute chose !

Cela me fait chaud au cœur de savoir que vous me lisez, et j’espère que vous prendrez autant de plaisir que moi à vous retrouver en famille.

Je dois dire que j’ai eu la chance de connaître la magie de Noël, partagée par tous jadis, et c’est une tradition familiale que nous aimons perpétuer à la maison.

Certes, il ne neige pas autant qu’avant ces dernières années… mais il fait quand même assez froid pour qu’on se sente mieux à l’intérieur !

Bientôt, malgré le frimas, les jours vont commencer à rallonger, et donc nous retournerons vers les beaux jours, même si l’hiver a encore ses beautés et ses joies.

Parmi celles-ci, le réveillon de Noël est vraiment le moment central, le repas de fête que nous aimons partager ensemble. Mais je sens une certaine inquiétude arriver chez bien des amis à moi…

En effet, le repas de Noël coûte de plus en plus cher. Enfin… le repas de Noël tel qu’on nous le vend…

Quand le saumon est devenu obligatoire

Il y a une trentaine d’années, il était très rare que pour les repas de Noël nous devions sortir champagne, foie gras et saumon. On ne trouvait ces mets que dans les réceptions fameuses, et c’était l’apanage des gens très aisés.

Alors bien sûr, on sortait une petite bouteille de champagne, qu’on ne faisait pas boire aux enfants, et il arrivait qu’il y ait, exceptionnellement, un peu de foie gras en entrée, et dans des proportions très raisonnables.

Puis vint le marketing, et l’on se mit à nous faire croire, surtout à partir des années 1990, qu’il était absolument impératif que chacun ait accès à tous ces mets de luxe.

Avant, il y avait la dinde de Noël, mais c’était l’époque où la dinde avait encore un goût subtil !… Pas la dinde d’aujourd’hui, qui n’a ni vu le jour ni foulé le sol de nos contrées, et le diable sait où elle a été élevée…

Je me rappelle de ma mère en train de faire des frites pour Noël et nous de les manger avec de la mayonnaise faite maison et du vinaigre. Et quand j’étais enfant, ça c’était un repas de fête !

Les adultes préféraient acheter du bon vin même s’il n’y avait pas d’étiquette sur les bouteilles. L’essentiel étant de passer une bonne soirée, bien conviviale.

Et l’évolution des jeux nous fascinait. Nous n’étions pas blasés comme nous le sommes devenus par la technologie. Elle est maintenant plus un besoin qu’un désir.

Mais au début, champagne, foie gras et saumon furent vendus à des prix tout à fait acceptables, alors nous nous y sommes mis…

Et maintenant, les prix délirent tellement que j’envisage de refaire un bon petit Noël aux frites à la graisse de bœuf ! C’est la mode en ce moment !

Du faux foie gras ? Pas pour moi…

Quand je vais chez ma sœur par exemple, c’est vraiment un moment assez curieux. Vous me connaissez, je le lui ai dit. Et elle m’a dit que ça lui convenait comme ça, alors je fais avec…

D’abord il y a le saumon, dont elle prend une qualité que je trouve assez médiocre. Et ma nièce de le couper aux ciseaux… pauvre petit poisson qui a déjà été si mal élevé, et qui termine en petits bouts, servi avec la grâce d’un cuisinier de rue de Calcutta !

Ensuite, il y a le foie gras… À ce niveau-là, je suis contraint de mentir en disant que je n’aime pas ça. Ma sœur sait, mais conserver les apparences est très important pour elle… elle dit que ça obligera les enfants « à se bouger dans la vie. » Pourquoi pas après tout…

Car le foie gras, ou du moins l’ersatz qu’elle nous sert, est à peine meilleur que la mousse de canard qui me fait horreur. Mais bon, je ravale mes appréhensions et je me sers une dose homéopathique.

C’est hélas un peu plus compliqué pour le champagne, que je crains être coupé à l’acide de batterie. C’est toujours donc l’occasion pour moi d’en ramener un, et de participer au souper sans être indélicat.

Mais l’année dernière, quelle ne fut pas ma surprise de voir que les prix avaient explosé ! Pourtant, Bruxelles n’est qu’à 230 kilomètres de Reims ! N’allez pas me parler des coûts de transport !

Même avec mes exigences raffinées, je me suis dit qu’il valait mieux un bon mousseux qu’un mauvais champagne, mais je n’avais pas le cœur de venir avec de la clairette de Die… 

Alors j’ai réussi à profiter de ce qu’un de mes collaborateurs passe la frontière pour qu’il se rende chez un caviste à peu près compétent. Et pour 25€, la surprise a été plutôt bonne !

Un autre Noël est possible

Bon, au retour de chez ma sœur la dernière fois, mon fils m’a demandé si on ne pouvait pas plutôt manger des frites pour Noël. Comme quoi les références, ça a du bon ! Et peut-être Noël méritait-il plus de produits de qualité et moins d’expériences culinaires incertaines.

Cette année, Noël c’est à la maison, et le programme ne sera pas le même ! Du bon vin blanc à la place du champagne (une bouteille ou deux pour minuit, c’est tout) ; un peu de foie gras en entrée à la table des adultes, et surtout j’ai complètement changé le repas.

Au menu, il y aura de la carbonnade flamande ! Il était temps de renouer avec cette tradition-là au moins. Les enfants comme les adultes apprécieront. Je remplace une « tradition » marketing par une autre tradition, celles des bons petits plats de ma grand-mère !

Et croyez-le ou pas, j’ai plus d’une personne autour de moi qui a trouvé que c’était une très bonne idée : un bon repas traditionnel, bien roboratif, et avec des produits de qualité.

Ça laisse autant de sous pour faire des jolis cadeaux aux enfants — et ne pas les noyer sous des tas de bidules en plastique sous prétexte de leur offrir une abondance que nous, nous aurions perdue…

Dites-moi les recettes que vous voulez préparer cette année, je suis sûr que ce Noël sera celui de la convivialité retrouvée.

Joyeuses fêtes ! 

Dr. Thierry Schmitz.