Faut-il mettre du citron partout ? 

Chère lectrice, cher lecteur,

Un très grand nombre d’entre vous me fait régulièrement part de son « rituel matinal » qui consiste à prendre de l’eau et du jus de citron avant le petit-déjeuner. 

A priori, je ne suis pas contre ! Même si personnellement, je trouve que l’acidité du citron n’est pas facile à accepter pour l’estomac quand il n’a encore rien avalé – et ce, même si vous le diluez. 

La vitamine C qu’il contient, ainsi que les nombreux bienfaits antioxydants, peuvent vous faire du bien tout au long de la journée. 

Certains se lèvent patraques, et ont besoin de vitamine C tout de suite ; mais ceux qui se lèvent en pleine forme et qui « accusent le coup » en fin de journée peuvent profiter de ses bienfaits aussi au déjeuner, et même plus tard ! 

Je ne vois aucune contre-indication – à part celles liées à la digestion – en ce qui concerne la vitamine C en grandes quantités, surtout lorsqu’elle est prise aussi naturellement qu’avec le citron !

Mais les qualités du citron ne se limitent pas à leur prise du matin…

Plus de citron, moins de problèmes de cœur 

Il vous suffit d’un seul citron pour avoir la moitié des apports en vitamine C pour toute la journée. 

Or comme la vitamine C est utilisée aujourd’hui comme conservateur dans l’industrie agro-alimentaire, que le scorbut a disparu, nous ne comprenons plus à quel point la vitamine C peut nous sauver la vie. 

Ainsi, il est admis par la recherche que manger des fruits et des légumes riches en vitamine C réduit les risques de maladie cardiovasculaire et d’infarctus du myocarde. [1]

Mais le citron est également plein d’autres éléments qui sont bons pour votre coeur : c’est le cas de ses tanins et de sa pulpe. 

Ainsi, une étude a prouvé que manger 24 grammes de pulpe de citron chaque jour pendant un mois réduisait directement le cholestérol dans le sang. [2]

Ceci est vraisemblablement dû à deux polyphénols que l’on trouve dans le citron, l’hesperidine et la diosmine, dont les vertus anticholestérol ont été établies sur les souris. [3]

Fondre avec le citron ? Pourquoi pas…

Tout le monde en parle : le citron aiderait à la minceur. S’il existe des études faites sur les souris qui indiquent un tel effet [4], rien n’indique que ce soit réellement le cas chez l’homme. 

Mais l’avantage du citron est que son acidité augmente la sensation de satiété. Cela vaut ce que ça vaut : si vous avez l’habitude de manger pour compenser le stress par exemple, son effet reste du domaine du placebo. 

Ceci dit, le citron se marie remarquablement bien dans la cuisine : caviar d’aubergine, houmous, mais aussi dans la cuisine occidentale avec la purée (« maison » et en petites quantités, bien sûr). 

Cela fait longtemps que j’apprécie mettre du citron dans mes plats. Il faut bien sûr prendre un citron frais et en extraire le jus. 

Le jus de citron en bouteille ne vous donnera pas du tout les qualités que vous recherchez ! 

De même, évitez tout ce qui est dessert ou glace au citron : ce n’est pas l’aspect « santé » du citron que vous retrouverez, mais surtout le sucre… 

Evitez le retour des calculs rénaux

Les calculs rénaux, et surtout le moment où ils sortent par le système urinaire (la colique néphrétique), représente un moment de souffrance atroce, souvent comparé à l’accouchement. 

Malheureusement, quand les calculs se forment, il faut bien s’en débarrasser…

Ceci dit, les problèmes de calculs rénaux ne sont pas épisodiques : les patients qui en sont atteints les subissent généralement à répétition. C’est là qu’intervient le citron.

L’acide citrique, spécifiquement propre au citron, accroître le pH urinaire et ainsi créer un environnement défavorable à la formation des calculs rénaux. Cela a été prouvé a de nombreuses reprises. [5]

Il suffirait pour cela d’un bon verre de jus de citron par jour (12,5 cl) pour freiner puis arrêter la formation des calculs rénaux [6]. C’est en tout cas ce qu’a prouvé une étude sérieuse menée en 2008. 

Certaines études ont essayé de prouver la même chose avec de la limonade, avec des résultats plutôt incertains. 

Je ne vous recommande pas, de toute façon, cette boisson beaucoup trop sucrée pour être saine, à moins que vous ne la fabriquiez vous-même. 

La raison de l’efficacité du citron sur les calculs rénaux, malgré les quinze années qui se sont écoulées depuis qu’on a découvert cet effet, ne sont toujours pas précisément établies. 

Mais peu importe finalement : le jus de citron tout frais pressé est un produit notoirement sain, et il n’y a pas de contre-indication à sa consommation. 

Enfin… tant qu’aucune étude financée par un laboratoire pharmaceutique ne s’est « amusée » à en faire boire trois litres par jour à un patient… pour recommander à la place un médicament contre les calculs rénaux. 

Un fruit sérieusement anticancer

Le citron a déjà deux raisons d’être anticancer par nature : il est plein de vitamine C, qui est un antioxydant de première nécessité. 

De plus, il est plein de polyphénols, qui représentent les meilleurs nutriments qui soient, et leurs qualités antioxydantes ne sont plus à prouver. 

Or antioxydant, cela signifie antiâge et anticancer, car l’élimination des radicaux libres assainit vos cellules empêchent vos cellules d’oublier qu’elles vous apparatiennent, lorsqu’elles se reproduisent – ce qu’est, en fait, le cancer.

Mais le citron, specifiquement, représente un niveau supplémentaire de protection contre cette terrible maladie. 

D’abord, il a été observé dans certaines études que les personnes qui consommaient le plus de citron ont des risques de cancer plus faibles. 

Cela a été détecté dans les cas de cancer du pancréas [7]. Mais pour les cancers de la vessie par exemple, aucune prévention par l’ingestion de fruits et de légumes n’a été établie. [8]

Fait étonnant, il a été montré que les composants du citron détruisent les cellules du cancer du sein in vitro. Mais on ne sait pas pourquoi cela se produit, ni si l’effet sur le corps humain en entier est comparable. [9]

Toutefois, il a été avéré sur les animaux que le d-limonène, propre au citron, est un anticancer de premier choix [10]. Comme je vous l’ai déjà recommandé : vous ne perdez pas grand-chose à insister. 

Le citron, à petite doses, se marie très bien avec une cuisine fraîche, qui est celle des beaux jours ! Vous pouvez en mettre aussi bien sur la viande, que les légumes ou la salade. 

Vous pouvez ainsi marier saveurs délicates et bonne santé !

Dr. Thierry Schmitz

Sources

[1] Joshipura et al. The effect of fruit and vegetable intake on risk for coronary heart disease, Annals of internal medicine, Juin 2001. 

[2] Elisabeth Wisker et al. Effects of a fiber concentrate from citrus fruits in humans, Nutrition Research, Volume 14, Issue 3, March 1994, Pages 361-372

[3] Bioorg Med Chem. Juillet 2004, Evaluation of hesperetin 7-O-lauryl ether as lipid-lowering agent in high-cholesterol-fed rats Gab-Sun Choi et al.  Journal of Functional Foods, January 2013, Pages 484-492, Antihyperlipidemic effect of diosmin: A citrus flavonoid on lipid metabolism in experimental diabetic rats, Subramani Srinivasan, Leelavinothan Pari

[4] Yoshiko Fukuchi,  J Clin Biochem Nutr, 2008 Nov, Lemon Polyphenols Suppress Diet-induced Obesity by Up-Regulation of mRNA Levels of the Enzymes Involved in beta-Oxidation in Mouse White Adipose Tissue

[5] Kristina L Penniston et al. Quantitative assessment of citric acid in lemon juice, lime juice, and commercially-available fruit juice products Journal d’endo-urologie, Mars 2008

[6] Bekir Aras et al. Can lemon juice be an alternative to potassium citrate in the treatment of urinary calcium stones in patients with hypocitraturia? A prospective randomized study, Recherches en urologie, décembre 2008.

[7] Jong-Myon Bae et al., Citrus fruit intake and pancreatic cancer risk: a quantitative systematic review Pancreas, Mars 2009.

[8]  Ana R Vieira, Fruits, vegetables, and bladder cancer risk: a systematic review and meta-analysis, Cancer Medicine, Janvier 2015.

[9] Jinhee Kim, Limonoids and their anti-proliferative and anti-aromatase properties in human breast cancer cells Food Function, février 2013

[10] Crowell and Gould, Chemoprevention and therapy of cancer by d-limonene, Revues critiques d’oncogénèse, 1994.

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